Au moins quatre administrateurs sont emprisonnés, depuis la semaine dernière, à la prison de Rumonge. Ils sont accusés d’avoir détourné du matériel destiné à réhabiliter les écoles dans cette province. Il s’agit de trois administrateurs et du conseiller du gouverneur. La population apprécie ces mesures. « Insuffisant », critiquent les politiques et la société civile qui demandent d’oser appréhender les grands voleurs de la République.
Mercredi 7 décembre 2022, le procureur près la cour d’appel de Bururi a arrêté, Gratien Nduwayo, administrateur communal de Buyengero. Il a été directement conduit à la prison de Rumonge.
Samedi 10 décembre, c’est le tour de Charles Karorero et Jérémie Bizimana respectivement administrateurs des communes Bugarama et Rumonge de prendre le même chemin.
Ce matériel (les tôles et le ciment) a été offert par le bureau de la présidence du Burundi.
Deux autres administratifs de la même province ont été interrogés, samedi, par le procureur près la cour d’appel de Bururi. Il s’agit de Mme Domitille Ntunzwenimana et Mme Fabiola Ndayizeye respectivement administrateurs de Muhuta et Burambi. Et elles sont libres.
Assa Gituwitaye, le conseiller du gouverneur de la province Rumonge chargé des finances et administration, est lui aussi détenu à la prison de Rumonge pour « complicité de détournement de ce matériel ».
Pascal Ntukamazina, beau-père de l’administrateur communal de Buyengero a été arrêté pour complicité dans ce détournement. « Les tôles détournées en commune de Buyengero ont été saisies chez lui », confie une source de Buyengero.
Des informations en provenance de Rumonge disent que l’ex-gouverneur de Rumonge, Consolateur Nitunga, récemment nommé conseiller d’ambassade à Kinshasa, aurait subi un interrogatoire au service national des renseignements sur le même dossier.
Un ouf de soulagement pour la population
« Si ça s’avère vrai qu’ils sont volés ce matériel, c’est vraiment une très bonne chose. Car, ces tôles, ces sacs de ciment n’étaient pas destinés à eux mais aux écoles où étudient nos enfants », apprécie A.L., un habitant de Rumonge, joint par téléphone. Il demande que des enquêtes soient bien menées pour établir les responsabilités : « Je ne doute pas que même l’ancien gouverneur soit impliqué. Comment des administrateurs peuvent s’approprier des tôles, des sacs de ciment sans aval de leur supérieur ? »
Simon, un autre habitant de Rumonge abonde dans le même sens : « Il ne faut pas seulement se limiter aux tôles et aux sacs de ciment. Ici, à Rumonge, certaines autorités détournent du carburant, du sucre, vendent en RDC des produits Brarudi qui étaient destinés à la population au vu et au su de tout le monde. »
Cet homme indique que même lors de la dernière campagne de distribution des moustiquaires, il y aurait eu des détournements. Avec ces arrestations, il espère que certaines personnes qui faisaient la pluie et le beau temps vont se ressaisir.
Selon lui, ces vols justifient en partie pourquoi la province Rumonge reste classée dernière dans les tests nationaux. « Voilà. Comment voulez-vous que l’éducation se développe ? Ces administratifs étaient censés protéger les biens publics, le matériel scolaire, etc. Et voilà qu’ils s’en approprient. Quel exemple sont-ils en train de donner à la jeunesse ? »
Mêmes réactions à Buyengero. « C’est déplorable d’entendre que les tôles, le ciment qui devraient être utilisés pour réhabiliter les écoles étaient stockés chez le beau-père de l’administrateur. C’est une honte », commente Joseph B., un habitant de Buyengero.
Joint par téléphone, il signale d’ailleurs qu’il y a des écoles qui ont besoin d’être réhabilitées. Néanmoins, il demande que ces arrestations concernent aussi les gros poissons. « Nous entendons souvent à la radio le président de la République citer des gens qui ont volé l’argent qui était destiné à la construction des barrages, qui ont fait tomber en faillite les entreprises publiques comme ONATEL mais, ils ne sont pas emprisonnés. Pourquoi sont-ils épargnés alors qu’ils ont volé le pays ? », s’interroge cet enseignant de Buyengero.
Contacté Alexis Nibitanga, directeur communal de l’enseignement (DCE) à Buyengero indique qu’ils sont besoin d’au moins 150 tôles pour réhabiliter l’Ecole Fondamentale de Cehe et celle de Ngoma : « Leurs toitures ont été abîmées lors des pluies torrentielles d’octobre dernier. »
Cette autorité affirme que le vol du matériel destiné à la réhabilitation des écoles a un impact négatif sur le système éducatif. Interrogé sur le nombre des tôles et sacs de ciment qui étaient octroyés à la commune Buyengero, il dit qu’il n’en est pas encore au courant.
Source: IWACU Burundi