Gouvernance locale, justice, décentralisation des services publics, énergie, autonomisation des femmes, etc. L’appui multiforme du PNUD aux projets du gouvernement laisse déjà des résultats palpables comme le montre les présentations et quelques témoignages des partenaires. C’était à la revue annuelle 2021 du programme pays du PNUD, du 13 au 15 décembre 2021 à Ngozi.
Dans leurs exposés, les différents partenaires du PNUD qui ont mis en œuvre les projets et programmes ont montré des résultats « satisfaisants ». Certains y ont même apporté leurs avis.
Le Fonds national d’investissement communal (FONIC) a réalisé des projets liés au développement communautaire et à la gouvernance locale. D’après Servilien Nitunga, Directeur Général du FONIC, il s’agit notamment de l’appui à l’amélioration de l’agriculture et de l’élevage. Il parle de cinq hangars construits dans la commune Busoni, province Kirundo, pour faciliter la conservation des récoltes.
Dans le cadre des projets intercommunaux, une usine de transformation agroalimentaire de Ruyigi a été mise en place pour transformer les produits agricoles comme le maïs en farine. Cette usine servira tous les agriculteurs de la province Ruyigi.
Servilien Nitunga a relevé les principaux défis dans la réalisation de ces projets : les financements qui ne sont pas suffisants et le besoin de renforcement des capacités de certaines personnes qui mettent en œuvre ces projets. Il a également relevé un problème de suivi-évaluation, de collecte et analyse de données. « L’on ne parvient pas à identifier parfaitement la valeur ajoutée de ces projets à la vie des populations. Nous sommes en train de voir comment renforcer ces mécanismes surtout par la digitalisation et la mise en place de logiciel pour la collecte de données. »
En 2021, plus de 35 mille personnes ont eu accès aux actifs financiers et plus de 143 mille aux actifs non financiers. Ces bénéficiaires sont des hommes et femmes jadis plus vulnérables, des jeunes, des déplacés, des personnes vivant avec handicap, des victimes de violences basées sur le genre (VBG), des batwa.
Pour une justice plus équitable
Pour le volet justice, le PNUD a financé plusieurs activités réalisées par le ministère de la Justice. Le directeur général de la planification au ministère de la Justice, Venant Ntakimazi, parle notamment du renforcement des capacités des cadres judiciaires. Plus de 500 personnes ont été formés cette année, selon lui.
Il affirme également qu’un bon nombre de justiciables ont été assistés et ont eu facilement accès à la justice notamment à travers les audiences foraines et l’assistance juridique et judiciaire. « Les justiciables qui sont loin des juridictions et qui n’ont pas les moyens de recourir aux services judiciaires sont aujourd’hui satisfaits. »
La lutte contre les VBG est un autre volet qui a été appuyé par le PNUD. Selon ce cadre au ministère de la Justice, il y a eu la mise en place des sections spécifiques pour la répression des VBG au niveau de tous les Tribunaux de grande instance. « Nous observons une nette réduction des cas de VBG.
Pour M. Ntakimazi, le grand défi est que cet appui du PNUD dans la justice est limité. Il intervient dans six provinces. Il appelle d’autres partenaires à combler les autres provinces pour plus d’équité dans la justice dans tout le pays.
Dans le domaine pénitentiaire, témoigne ce DG, le PNUD a octroyé environ 800 lits et matelas aux prisonniers. Sans oublier la réinsertion socioéconomique des détenus. Ces derniers apprennent des métiers qui leur serviront d’activités génératrices de revenus après leur sortie de prison.
En 2021, plus de 16 mille personnes ont eu accès à la justice pour des litiges fonciers et non fonciers.
Grâce à ces activités, la population carcérale a été réduite de 35%. Réduction de 40% des arriérés judiciaires fonciers dans les juridictions appuyées. 750 personnes ont été installées dans leurs biens fonciers. Plus de 10 mille justiciables ont bénéficié des audiences foraines et 694 indigents et détenus ayant bénéficié de l’assistance judiciaires ont été informés dans un court délai sur le sort de leurs dossiers.
En matière de VBG, plus de 79% des cas sont pris en charge dans les centres.
Venant Ntakimazi a relevé quelques priorités du ministère de la Justice qui nécessitent un soutient : la mise en place des notables collinaires, qui est d’ailleurs une priorité du président de la république. Ainsi que la digitalisation des services de la justice.
Une mi-parcours qui n’a pas manqué d’embuches
Les partenaires du PNUD ont relevé des défis qui ont miné la réalisation des activités. La covid-19 qui a perturbé certaines activités ; les procédures longues tant au niveau du PNUD qu’au niveau du gouvernement qui ont qui a retardé la mise en œuvre des activités sur terrain ; l’absence d’un mécanisme de coordination des interventions et des approches ; le budget alloué aux projets insuffisant par rapport à l’énormité des besoins; l’absence d’un mécanisme de suivi-évaluation, etc.
Sur base des échanges autour des présentations des réalisations, les participants ont émis ces principales recommandations : implication des parties prenantes dans tout le processus de planification ; intégration systématique des groupes spécifiques et du genre dans la définition des programmes et projets ; mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation efficace.
Dans les travaux en groupe, les partenaires ont été amenés à identifier des priorités pour 2022 et 2023.
Entre autres priorités des parties prenantes dans le secteur de la justice : mettre en place et opérationnaliser la radio Justice pour mieux informer et communiquer sur les droits de la population. Appuyer l’opérationnalisation de l’institution du conseil des notables de la colline/quartier pour asseoir une justice conciliante. Modernisation ou digitalisation de certains services de la justice sur base des recommandations de l’étude de faisabilité (services centraux, Direction des titres fonciers, DGAP, services judiciaires). Appui à l’évaluation des performances des services judiciaires à travers l’accompagnement de l’Inspection Générale de la Justice, de la Cour Suprême et du Parquet général de la République.
Redynamiser le groupe sectoriel justice et Etat de droit. Appui à la fourniture des services d’aide légale.
La représentante résidente du PNUD, Mme Nicole Kouassi, a relevé le grand défi de déficit des ressources mobilisées. Pour elle, il est urgent de voir comment le PNUD et l’Etat burundais pourraient mieux travailler ensemble pour la mobilisation de ressources.
Source: IWACU Burundi