Des vendeuses ambulantes rencontrées au centre-ville de Bujumbura, ce 8 mars, disent qu’elles ne célèbrent pas la Journée internationale des droits des femmes. Elles appellent au respect de leurs droits et demandent des appuis financiers pour atteindre une certaine indépendance économique.

A 14 heures ce 8 mars au centre-ville de la capitale économique, des femmes portant des tissus-pagnes uniformes ne passent pas inaperçues : on les croise partout. Pour certains tissus-pagnes, la date du 8 mars est bien mentionnée.

Certaines, visages bien maquillés et souriants, se mettent ensemble dans de petits groupes pour discuter, échanger et prendre quelque chose. « C’est notre journée, il faut la célébrer comme il se doit », lance une femme tout en essayant de convaincre ses collègues.

De l’autre côté, tout près de l’ancien marché central, des vendeuses ambulantes continuent leur business comme d’habitude tout en restant alertes, des policiers peuvent débarquer à tout moment.

Sous le soleil de plomb, avec des visages tout en sueur, elles disposent à même le sol sur du plastique ou des cartons leurs marchandises notamment des légumes, des fruits, des arachides ou du poisson.

« Le 8 mars n’est pas une journée pour nous autres. C’est pour ces fonctionnaires qui mènent une vie aisée ou occupent les hautes fonctions. Aujourd’hui, je ne vois que des femmes portant des tissus-pagnes uniformes qui viennent acheter des légumes et quelques fois on finit par échanger des mots désobligeants quand on ne s’entend pas sur les prix », témoigne Chantal, vendeuse de légumes au centre-ville.

Cette mère de deux enfants regrette que malgré la célébration de la Journée internationale pour les droits des femmes, la femme rurale continue à être victime de violation de ses droits : « Je travaille jour et nuit pour que ma famille puisse survivre. Mon mari, qui ne contribue presque pas pour faire vivre notre famille me remercie par des injures. Certains de mes amies sont souvent tabassées ».

Pour elle, le chemin est encore long pour atteindre le niveau où la femme rurale burundaise jouirait pleinement de ses droits. Elle demande qu’il y ait des campagnes de sensibilisation au profit des femmes rurales pour qu’elles connaissent leurs droits et devoirs.

Même son de cloche avec Frida, vendeuse d’arachides. Selon cette habitante de Muyira en province Bujumbura, certaines femmes n’entendent cette journée que sur les radios. Elle souligne que plusieurs femmes rurales ne savent pas leurs droits : « Même lorsqu’on est torturé par le mari, tout se règle en famille ou avec le concours du voisinage comme si c’était normal. Il faut que les femmes soient éduquées sur la revendication de leurs droits ».

S’agissant du thème choisi pour cette journée « un leadership engagé pour une digitalisation innovante en faveur de l’égalité du genre », Frida estime que ce thème exclut le vécu de la plupart des femmes, surtout les femmes rurales.

Pour elle, il faut plutôt éduquer les femmes dans la gestion des activités génératrices de revenus et les appuyer financièrement pour atteindre une indépendance économique.

« Que les policiers respectent nos droits »

Ces vendeuses ambulantes dénoncent des policiers qui les frappent ou saisissent leurs marchandises : « Ils devraient nous protéger et protéger nos droits. Malheureusement, ils sont les premiers à nous brutaliser ».

Elles rappellent qu’elles subviennent aux besoins familiaux grâce à la vente des fruits, des légumes et d’autres marchandises ne nécessitant pas de gros moyens. Selon elles, certaines vendeuses sont des veuves qui doivent prendre en charge seules, leurs familles.

Elles appellent l’administration municipale et la police à les laisser travailler tranquillement : « Cela constitue un droit à respecter, s’ils sont vraiment déterminés à promouvoir les droits des femmes, surtout rurales ».

Source: IWACU Burundi

By WebDesk