USAID Teams Up with Private Sector Leaders to Strengthen Healthcare Across Africa Through New ‘Transform Health Fund’

Today, during the U.S.-Africa Leaders Summit in Washington D.C., the U.S. Agency for International Development (USAID) and the U.S. International Development Finance Corporation (DFC) announced the Transform Health Fund for healthcare solutions in sub-Saharan Africa, a new primarily women-led collaboration. USAID and DFC plan to provide $1 million in catalytic grant funding and $10 million in equity financing, respectively, to the fund to support locally-led supply chain transformation, innovative care delivery, and digital solutions to secure Africa’s healthcare future. With these investments, the Fund announced total approved commitments is now $50 million.

Africa is home to 16 percent of the global population and 23 percent of the global burden of disease. Yet, just one percent of global impact investment capital goes towards healthcare in sub-Saharan Africa. The Transform Health Fund brings together government, donor, and commercial investors to help reduce that health financing gap and scale innovative solutions to Africa’s greatest healthcare challenges.

Public and private sector partners will come together under AfricInvest’s management to finance enterprises that improve health system resilience and pandemic preparedness across the continent. USAID also plans to provide technical assistance to a subset of the Fund’s investee companies through its flagship public-private partnership, Project Last Mile.

A key objective of the Transform Health Fund is to build a resilient healthcare ecosystem by investing in and scaling locally-led innovations that improve access to quality and affordable care and supplies for the most vulnerable populations in sub-Saharan Africa. Recognizing the importance of women’s leadership in improving health security across Africa, the Fund will prioritize supporting women’s health services and investing in women-owned and led businesses. AfricInvest is also a signatory of the 2X Challenge, committed to smart gender practices in recruitment, progression, promotion, and succession planning.

Source: US Agency for International Development

Humanitarian Action 2023 Overview

Around the world, 2022 saw deepening conflict, widespread hunger and major climate disasters. Today, more than 103 million people globally are refugees or forcibly displaced inside their country. The majority are women and children, many of whom are struggling to survive and face daily threats to their health, rights, safety and dignity.

When crisis strikes, women and girls face a heightened risk of sexual violence, exploitation and abuse. More girls drop out of school and harmful practices such as female genital mutilation and child marriage become more common as families struggle to meet basic needs. Access to services and support critical to women’s and girls’ health, survival and future is often disrupted or lacking altogether.

The increase in gender-based violence globally stems from multiple, overlapping crises, including the impact of the COVID-19 pandemic and the interplay between displacement, conflict, and food insecurity. Despite soaring needs, services to tackle gender-based violence are heavily underfunded, leaving millions of women and girls without the lifesaving services they need.

In emergencies, the rights and choices of women and girls are far too often trampled on or sidelined. They can face limited access to sexual and reproductive health care, including family planning. Health facilities become inaccessible, destroyed or damaged beyond repair. For pregnant women lacking essential reproductive and maternal health care, childbirth can end in tragedy. With humanitarian needs expected to double by 2030, it is critical that sexual and reproductive health and gender-based violence protection services are integral to every humanitarian response.

UNFPA is on the ground providing humanitarian aid in more than 60 countries. We are expanding our capacity to deliver integrated sexual and reproductive health and gender-based violence services at health facilities and mobile clinics, and through women – and girl-friendly spaces. In 2022, UNFPA provided life-saving assistance to more than 30 million women, girls and young people, including services and supplies for emergency obstetric care to prevent maternal and newborn deaths, family planning and emergency contraception, prevention of and response to sexual violence, including the clinical management of rape.

Yet, needs are growing and gaps remain. In 2023, UNFPA is appealing for US$1.2 billion to provide life-saving services and protection to approximately 66 million women, girls, and young people in 65 countries.

Source: United Nations Population Fund

Interview exclusive avec le Pr Gérard Birantamije : « La vraie force, il faut la rechercher dans le dialogue sincère entre la RDC et le M23 »

Le politologue et expert en sécurité estime que les différentes armées engagées en RDC constituent un outil de pression symbolique au service du politique.

Dans son discours tenu à l’occasion du lancement de la 3e session des consultations politiques du processus de Nairobi pour la paix et la sécurité de la RDC, le président Evariste Ndayishimiye a fait entendre aux autorités congolaises que s’ils échouent à partager équitablement « le gâteau », celui qui les aiderait à le faire aura aussi l’intention d’en prendre une portion. Votre commentaire ?

Mon commentaire est simple. C’est un secret de Polichinelle, mais toute vérité n’est pas bonne à dire. Vaut mieux le savoir. Je pense que le président en exercice de l’EAC a pointé du doigt l’angle mort de ces processus de négociations d’arrêt des hostilités et de retour à la paix en RDC de manière globale et à l’Est en particulier. Ces vingt dernières années, la RDC a bénéficié de la plus grande force de maintien de la paix des Nations Unies, des interventions militaires multiformes des pays voisins dont le Rwanda et l’Ouganda.

Mais en fait, qu’est-ce qu’on voit au finish ? La multiplication des groupes armés, l’insécurité sans cesse grandissante, des violences de tout genre. Bref, les Congolais se disent toujours comme dans l’ouvrage de Béatrice Pouligny, « Ils nous avaient promis la paix ». Le fait que le président en exercice de l’EAC semble s’en prendre à la RDC me semble une critique sérieuse de ce nouveau mercenariat de la paix.

Son statut de président en exercice de l’EAC n’oblige-t-il pas le président Ndayishimiye à un discours moins clivant ?

Parfaitement, il a failli à une obligation de ne pas tenir des propos susceptibles de heurter une partie des protagonistes. Le moment n’était pas opportun si l’on se situe d’une part dans sa position de médiateur, et surtout de président d’un pays contributeur de troupes dans le cadre de la force sous régionale, et vis-à-vis d’un pays appartenant à la communauté. C’est un écart de langage qui est de nature à doucher les différentes initiatives.

Quand on voit le déploiement actuel des forces militaires de pays de l’EAC, ce qu’a dit le président burundais n’est-il pas une prophétie auto-réalisatrice ?

Oui en effet, c’est comme s’il y a un partage des zones d’influence avec l’Ouganda au Nord Est, le Kenya dans la ville de Goma, le Burundi au Sud-Kivu, et bien évidemment le Rwanda avec son soutien présumé aux rebelles du M23. Ce qu’ils en font, c’est bien évidemment une affaire à suivre tellement ce « scramble for Congo DR » me semble hallucinant à bien des égards. La question qui reste pendante est celle de savoir qui de l’Etat congolais ou de l’armée congolaise va pouvoir coordonner toutes ces forces et les fixer sur l’objectif principal de ramener la paix à l’Est du pays comme le montre la matrice de la force sous régionale.

Êtes-vous d’avis que le président Yoweri Museveni qui estimait en septembre 2021 que les interventions militaires étrangères déstabilisent la situation du pays hôte ?

Je ne peux pas le dire dans les termes du président Museveni. Il reste unique dans ses propos un petit brin provocateurs, mais il n’est pas loin de la vérité. Il suffit d’analyser les grandes interventions de maintien de la paix des vingt dernières années. Il y a lieu de dire que le retour à la paix reste chimérique. Voyons avec des pays comme la Somalie, Palestine-Israël, la RDC, la Centrafrique, le Mali ou le Sahel de manière globale, etc. Les recherches menées sur ces opérations de maintien de la paix montrent plutôt qu’elles s’écartent des véritables enjeux de retour à la paix et à la stabilité. Parfois elles ne sont pas loin de générer de nouvelles situations conflictuelles voire créer des situations anétatiques (sociétés sans Etats). L’Etat existe mais il reste récupéré par différents acteurs qui tirent leur épingle du jeu. Ici les rébellions, là les politiques, là encore les ONG, etc. L’équation se complexifie, et l’Etat reste de nom. Bref, Museveni et Ndayishimiye interpellent sur le rôle central que doit jouer l’Etat, et en l’occurrence l’Etat congolais si l’on reste dans cette dynamique de force sous régionale.

Toutefois, Kampala s’apprête à envoyer 1000 hommes dans le cadre de la force militaire régionale de l’EAC, ce qui représente le plus gros contingent au sein de cette force. N’y a-t-il pas une incohérence tenant compte de ces propos tenus il y a plus d’un an?

Nous sommes ici dans un calcul réaliste de coûts et avantages. Les opérations multinationales de maintien de la paix ou de stabilisation sont devenues depuis la fin de la guerre froide des vitrines des relations internationales. Elles permettent surtout aux dictatures de montrer, parfois de narguer le monde entier : « Euh soyons réalistes, nous ramenons la paix dans tel pays, faut pas regarder dans notre assiette interne ». Au-delà il faut y voir aussi des enjeux de puissance en perspective dans la sous-région.

Pourquoi l’Ouganda laisserait-il passer une occasion pareille de « structurer »/ « déstructurer » cette scène de paix régionale ? Le deuxième aspect, l’on donne du travail aux soldats. Nos soldats de la région sont soumis généralement à des menaces internes plus qu’externes. Je peux dire qu’ils n’ont pas assez à faire et rares sont ceux qui ont un planning du lendemain, du mois ou de l’année à venir. Les projeter sur des terrains est une aubaine pour eux et pour les Etats contributeurs.

Que peut-on espérer des pourparlers pour la paix en RDC avec l’absence marquante du M23 ?

C’est à ce niveau que je trouve intéressant d’analyser le cas congolais. C’est un cas d’étude à bien des égards. On parle de pourparlers de paix (Luanda, Nairobi, et d’autres capitales) mais on ne voit pas les protagonistes. Certes, le gouvernement congolais est présent avec toute la symbolique y associée, mais ce n’est pas avec le Kenya, le Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda, … dont il est question. Pas plus d’ailleurs le Rwanda qui a toujours nié son implication et son soutien au M23. Donc, tous ces processus ont bon pondre des résolutions ou des accords, si le M23 n’est pas invité à la table des négociations cela restera du bluff, du chantage.

Trouvez-vous réalistes les conditions posées par Kinshasa qui exige que le M23 se retire des positions acquises pour entamer un dialogue ?

Pas du tout. Il s’agit d’une expression de sentiments nobles, de ce qui devrait être. Mais je pense que sans la force, le M23 continuera à faire prévaloir ses revendications vis-à-vis de l’Etat Congolais. Et la force nécessaire je ne la vois pas dans cette force régionale est-africaine ni dans la Monusco. La vraie force, il faut la rechercher dans le dialogue sincère entre la RDC et le M23. Ce qui n’est pas à l’agenda des acteurs impliqués et concernés.

Si le M23 poursuit son offensive, n’allons-nous pas tout droit vers un affrontement entre ce groupe rebelle et la force militaire régionale de l’EAC ?

C’est probable. Mais il faut savoir que ces armées ne sont pas si engagées à mener une guerre. Elles constituent à mon avis un outil de pression symbolique au service du politique. Ce qui revient à la case départ. Si le conflit est fondamentalement politique, entendu ici la survie de la communauté rwandophone tutsi vivant au Congo et assimilés, il s’impose des outils politiques aussi. Ce n’est pas une première avec le M23, il suffit de remonter le temps sans passions.

A l’occasion d’une rencontre avec une délégation de jeunes congolais, le président Congolais a appelé ses concitoyens « à ne pas regarder les Rwandais comme des ennemis mais comme des frères qui ont besoin de notre solidarité pour nous débarrasser et débarrasser l’Afrique de ce genre de dirigeants rétrogrades ». Avec une telle escalade verbale, les pourparlers pour la paix en RDC ont-ils une chance d’aboutir ?

C’est une escalade qui pourrait ramener les pourparlers à la case départ. Le président Congolais réinvente les pièces du puzzle. Ce qui m’inquiète ce n’est pas la stratégie mais le stratège. Son message va dans tous les sens surtout quand il se porte garant de la sécurité des Rwandais. Au fond, il attise le feu et remet aux calendes congolaises les initiatives en cours.

Source: IWACU Burundi

Parliamentarians from Eastern Africa to catalyse the fight against food insecurity and malnutrition

Fostering the ongoing fight against food insecurity and malnutrition, Members of Parliaments from eight Eastern African nations, and representatives of two Regional Economic Communities committed themselves to position the issues of food security and nutrition at the centre of national and regional legislative agenda.

Holding their 4th General Assembly Meeting, Members of the Eastern Africa Parliamentary Alliance for Food Security and Nutrition (EAPA FSN), drawn from Djibouti, Ethiopia, Kenya, Rwanda, Somalia, South Sudan, Tanzania and Uganda and from regional institutions – the East African Community (EAC) and the Intergovernmental Authority on Development (IGAD) – lamented the fact that the Eastern Africa Subregion was the global hotspot for high level of food insecurity and malnutrition. They urged national governments to intensify measures to alter this gloomy image.

Opening the Meeting, Rt. Hon. Donatille Mukabalisa, Speaker of the Chamber of Deputies of Rwanda, underscored that the food security and nutrition situation of the region was concerning – and a lot could be done to improve the situation by rethinking the strategies and approaches countries employ towards agricultural development.

“We have to move from subsistence farming to a modern and transformed agriculture. To this end, countries need to reconsider the budgets allocated to research, and investing more in climate smart technologies. Most importantly, we need to trade more with each other, in line with the African Continental Free Trade Area, and encourage our youth to develop an acute interest in agriculture,” said the Speaker.

David Phiri, FAO Subregional Coordinator for Eastern Africa and Representative to the African Union and the United Nations Economic Commission for Africa, expressed dismay that despite commitments made by governments of Eastern Africa at global and regional level, the progress towards food security and better nutrition was still too slow.

“According to the most recent FAO Food Security and Nutrition Report, 130 million people in Eastern Africa, which is more than 50 percent of the undernourished people in sub-Saharan Africa, are undernourished. Moreover, we have 22 million children under the age of 5 years are stunted,” lamented Phiri, urging parliamentarians to intensify actions to alter this dismal picture.

Hon. Abdi Ali Hassan, the outgoing Chairperson of the Alliance, remarked that parliamentarians are the prime stakeholders in the fight against hunger and malnutrition by creating the necessary enabling policy and legislative environment to enact bold actions in terms of allocating enough resources for the transformation of the agriculture sector.

“Parliamentarians are best placed to position the issue of food and nutrition security at the highest level of the political and legislative agenda, given their legislative, budgetary and oversight responsibilities, among others. We cannot achieve food security and nutrition without the active participation of parliamentarians, which still require a great deal of support and coordination in the Subregion,” underscored Hon. Hassan.

Worrying food insecurity trends in the subregion

While the Eastern Africa Subregion hosts less than 25 percent of the African population, it accounts for more than half of the food insecure and undernourished population on the continent. Reports indicate that more than 130 million people are undernourished in the Subregion. Furthermore, over 22 million (or 32.6 percent) of children under the age of 5 are stunted and about 3.5 million (or 5.2 percent) children are moderately or severely wasted.

About EAPA FSN and the 4th Assembly Meeting

Members of Parliament (MPs) from eastern African nations established the Eastern Africa Parliamentary Alliance for Food Security and Nutrition (EAPA – FSN) in April 2019 in Arusha, Tanzania. The Alliance comprises of MPs from 11 countries: Burundi, Djibouti, Eritrea, Ethiopia, Kenya, Rwanda, Somalia, South Sudan, Sudan, Tanzania, and Uganda. The East African Legislative Assembly (EALA) and the IGAD Inter-Parliamentarian Union (IPU) are also member of the Alliance. It is a Subregional platform that promotes cross border sharing of experience and best practices for more advocacy work.

The Alliance, in its 4th Assembly Meeting, took stock of achievements, challenges and lessons learnt and deliberated on future actions in the Subregion to advance the food security and nutrition agenda. The gathering also explored key parliamentary actions to contribute to the African Union’s theme of the Year 2022 “Strengthening Resilience in Nutrition and Food Security on the African Continent: Strengthening Agro-Food Systems, Health and Social Protection Systems for the Acceleration of Human, Social and Economic Capital Development.” Finally, the MPs elected Hon. Adan Haji Yusuf from Kenya and Hon Senator Laetitia Nyinawamwiza from Rwanda as chairperson and vice chairperson, respectively. Hon. Woda Jeremiah Odok of EALA was re-elected as Secretary-General. In addition, three members from Somalia, South Sudan and IGAD were elected as executive members.

FAO supported the organisation of the Annual General Assemblies of the MPs with a view to fast track the operationalisation of the Alliance, through the endorsement of the work plan and road map, which focus on the means by which food insecurity and malnutrition in the Subregion can be significantly reduced.

Source: Food and Agriculture Organization of the United Nations

WFP Burundi Country Brief, October 2022

842 mt of food assistance distributed

USD 867,602 cash transferred under assistance to refugees, returnees, nutrition and resilience-building and forecast-based financing activities

USD 10.19 m six months net funding requirements (November 2022 – April 2023)

323,023 people assisted in October 2022

Operational Updates

• Assistance to refugees: WFP provided food and nutrition assistance to 55,577 refugees (24,454 males, 31,123 females, 15,006 children aged 0-59 months and 2,223 people with over 60 years of age) with the distribution of 503 mt of in-kind food and USD 417,145 in cash-based transfers (CBT).

• Assistance to returnees: WFP provided food and nutrition assistance to 3,638 Burundian returnees (1,783 males or 49 percent and 1,855 females or 51 percent), distributing a combination of in-kind food and CBT. The assistance consisted of hot meals provided at transit centres, and a three-month in-kind food or CBT return package depending on availability. Out of the 3,638 returnees assisted, 1,813 received a return assistance package in CBT for a total of USD 53,188, and the remaining (1,825) received in-kind food. In total, 28 mt of in-kind food were distributed to these returnees in October.

• Under the KfW-funded nutrition and resilience programme, WFP provided USD 108,304 in CBT to 2,500 people participating in resilience-building activities (12,500 beneficiaries) in Kirundo and Karusi provinces. The project is implemented in 4 provinces (Kirundo, Karusi, Ruyigi and Karusi).

• Forecast-based financing: In October, as part of its Forecastbased Financing approach, WFP and the Burundi Red Cross (BRC) distributed multipurpose cash amounting to USD 288,965 to 16,315 at-risk people in the vulnerable areas of Rumonge and Rutana provinces. The areas and communities were jointly identified with the International Office for Migration (IOM), who is leading a national disaster risk reduction project in an effort to seek complementarity with longer term preparedness initiatives. The amount distributed is to cover both immediate food needs as well as preparedness/prevention needs at community and household level.

• School Feeding Programme: The programme provided 210,590 school children with daily school meals prepared with 206 mt of food and 176 mt of UHT milk. Only 28 percent of school chilren were assisted because WFP faced procurement constraints linked to the quality of locally purchased cereals.

Source: World Food Programme

La « rage » du président Neva mais

Contrats biaisés, vols des richesses minières, ventes fraudeuses de la production agricole à l’étranger, incompétence des cadres, détournements des devises… Le président Evariste Ndayishimiye a avoué que le pays va mal. Il a ainsi annoncé un combat contre les voleurs de la République. Ce qui ne convainc pas les politiques et la société civile. Ils lui demandent d’agir au lieu de dénoncer seulement.

Par Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze et Emery Kwizera

« Moi Neva, je suis prêt à être emprisonné pour mon pays. J’accepte même la mort au lieu que mon pays sombre. Tant que je suis président de la République, je ne peux pas accepter que mon pays soit détruit. Laissez-moi mourir et vous allez le détruire à mon absence. Mais, de mon vivant, je ne peux pas permettre ça. Impossible », a lancé le président Evariste Ndayishimiye, mardi 6 décembre, lors de la Journée dite du « contribuable. »

Il a ainsi dévoilé qu’il est au courant de tous les calculs mesquins autour de la passation des marchés publics. « Voilà, je viens de le dire. Si Ngirirwa ne changes pas ce qu’il faisait et continue dans ses anciennes pratiques, tant pis pour lui.  Ce qui est strictement prohibé, c’est d’importer quelque-chose qui est fabriquée au Burundi. C’est interdit. Si tu signes ce marché et qu’ils importent un produit existant au Burundi, Ngirirwa, tu es averti.  Il y a trop de tricheries. »

Notons que Gervais Ngirirwa est le directeur national de contrôle des marchés publics.

A titre d’exemple, il a évoqué les tricheries qui se remarquent dans le paiement. « Une personne qui gagne un marché chez Ngirirwa. Et la BANCOBU lui donne l’argent pour exécuter les travaux. Puis, quand le gouvernement fait le paiement, la concernée demande que l’argent soit versé sur un autre compte ouvert à la BCB. »

Selon le président Ndayishimiye, cette tactique est utilisée pour éviter que la BANCOBU retienne cet argent. « Et là, il va vider son compte à la BCB, pour aller conserver la somme à la maison. C’est de cette façon que les maisons se retrouvent garnies d’argent résultant de la corruption et ces tricheries. Tout ça, je suis au courant. »

Le chef de l’Etat compte « revisiter » tous les contrats signés. « Maintenant, il y a un procès que je vais engager et je serai avocat. Sur tous les contrats signés par l’Etat, je vais être avocat pour revisiter cela. Est-ce que vous saisissez ce que c’est l’Etat ? L’Etat est comme un enfant mineur. Ce dernier est représenté. Et quand son parrain est défaillant, ce mineur a le droit de refuser un contrat. »

Actuellement, il y a un gouvernement ‘’majeur’’ qui doit vérifier tout ce qui a été signé par ses représentants. « Chaque contrat frauduleux doit être modifié et bien établi. Continuité de l’Etat ! Qui vous a dit la continuité de l’Etat dans le mal ? Eeeh, si le représentant de l’Etat était un imbécile, vous voulez que moi aussi signe ces imbécilités ? Impossible. »

Sur un ton très dur, il s’est montré très déterminé : « Qu’on se débarrasse de moi à temps, qu’il y ait un autre pour cautionner cela. Je ne peux pas. Je ne peux pas continuer sur un contrat biaisé. Impossible. »

Il a promis de lire ces contrats. Le président Ndayishimiye a dit qu’il ne peut même pas compter sur des techniciens parce qu’ils seraient corrompus et liraient les contrats à l’envers. « Je sais bien. on leur corrompt avec des milliards. »

A ceux qui pensent qu’on pourra l’accuser de haute trahison, le président Never est clair : « Moi, j’ai lu dans la Constitution que le président de la République peut être traduit devant la justice et puni en cas de haute trahison. Ils expliquent bien ce qu’est la haute trahison. En tout cas, il n’y a pas de haute trahison dans le rapatriement les richesses du pays qui étaient volées. Détruire un faux contrat est-ce une haute trahison ? Un pays ne peut pas être emprisonné. »

Selon le président Ndayishimiye, il y a trop de contrats « biaisés ». A titre illustratif, il a évoqué le cas des terres rares de Gakara, dans Bujumbura dit rural. D’après lui, on a vendu plus de 1000 tonnes de terres rares. Mais, aucun sou n’est rentré dans la caisse de l’Etat.

Il a décidé de rompre ce contrat qu’il qualifie de ‘’biaisé’’. Il a expliqué que le pays a donné une mine d’une valeur d’un milliard de dollars. « Pour son exploitation, tu investis 200 mille dollars. Prenons 200 millions de dollars. Et puis, tu me dis qu’on va partager à part égale. Normalement, le partage se fait sur base du capital de chaque partie. On calcule les pourcentages. C’est ça le contrat gagnant-gagnant. Mais, vous voulez que l’Etat reçoive 10% et vous i 90%. Et voilà, le contrat a été signé par un fonctionnaire de l’Etat. Connaissez-vous ce qu’ils ont signé à Gakara ? Ils ont signé que l’Etat cède toute la propriété, toutes ces mines et qu’il reste avec 10%. Moi, Neva, je ne peux pas signer cela. »

Malheureusement, a-t-il déploré, ce contrat a été signé. Et selon lui, il y a une odeur de corruption dans le processus de signature de ces contrats. « Il y a un deal entre les signataires de ces contrats, ils se connaissent bien. Et quand j’envoie une personne pour vérifier, on lui fait 500 millions et il fait semblant de ne rien voir et va me donner un faux rapport. Je le sais. »

Mise en garde de certaines sociétés

Dans son discours devant des investisseurs, des contribuables, des ministres, des cadres de l’Etat, le président Ndayishimiye n’a pas caché sa déception envers certaines sociétés qui ne paient pas l’impôt : « Aujourd’hui, je connais tous vos calculs mesquins. C’est pourquoi vous ne pouvez pas m’aimer. Y-a-t-il un voleur qui aime un gardien ? Est-ce que si je viens vérifier le capital des télécoms et le gain encaissé sur l’espace burundais, c’est multiplié par un million. Mais quand on leur demande de payer l’impôt, ils n’acceptent pas. »

Il a annoncé qu’il est en train de chercher des vraies sociétés de télécoms. « Pour le moment, une société de télécom qui ne s’acquitte pas de ses impôts, je leur lance une bombe et j’amène une autre société. Je suis en train de les chercher. Des vraies sociétés, pas celles venues voler le pays. »

Pour le président Ndayishimiye, c’est triste de voir une société qui refuse de payer l’impôt jusqu’à la fermeture. Et de mettre en garde celles qui comptent sur les pots-de-vin pour se protéger : « Moi, on ne peut pas me corrompre. C’est vraiment triste de refuser de donner l’impôt pour le pays et accepter de verser ça dans les poches des gens. Que font ces corrompus ? Vont-ils construire pour toi une route ? Pire, ce sont ces mêmes gens qui font reculer le pays. »

D’après lui, comme ils ne sont pas capables de montrer l’origine de leur richesse, ils stockent leur butin à la maison. Une perte pour le pays. « Car, tout l’argent qui devait être en circulation, se retrouve caché dans les cornes. »

Pour le président Ndayishimiye, un pays corrompu ne peut pas se développer : « La corruption est vraiment très mauvaise », a-t-il souligner avant de mettre en garde ceux qui pensent qu’il a peur d’eux.

« Personne parmi vous ne me fait peur »

Autoritaire, le président Evariste Ndayishimiye a donné un message clair : « Ecoutez-moi bien, moi, j’ai reçu mon baptême de même que mon sacrement de confirmation, personne parmi vous ne me fait peur, personne. Si vous aviez l’habitude de me soudoyer en me donnant de l’argent, gardez votre monnaie. Je ne suis pas en train de quémander qui que ce soit. Je parviens à satisfaire mes besoins. »

Sur le même ton, et sans citer les noms, il a lancé une autre flèche : « Vous vous rendez compte des maux que vous avez infligés à votre pays ces derniers jours ? Vous l’avez conduit à sa ruine, au vu et au su de tout le monde. »

Il a déclaré qu’il s’est raffermi et qu’il ne craint rien.

« Je suis prêt à le témoigner devant toute la Nation. Pour tous les torts que vous m’avez causés, la coupe est pleine, ça suffit. »

C’est honteux : « J’ai fait un examen de conscience et je me suis posé pas mal de questions : Est-ce que c’est un pays de maudits où des gens sont dénués de tout bon sens ? »

Mais comme il est chrétien, il dit qu’il a fait preuve de tempérance. « J’ai constaté qu’il y a manque de discernement. Le diable nous a abrutis. Est-ce qu’on peut emprisonner un malade mental ? Celui qui est dérangé ne passe pas le clair de sa journée à jeter des pierres sur des gens ? Il lui arrive même de brûler des maisons. Est-ce qu’on l’emprisonne ? Il faut plutôt l’amener Chez Le Gentil », (dans un hôpital neuropsychiatrique au nord du Bujumbura ».

La liste des cas de corruption est longue

« Tout ce que vous faites, Dieu vous observe. Quand tu voles, saches qu’il te voit. Tout ce que tu fais, il est là. Un jour, il va te gifler sérieusement. Et là, tu vas te demander qu’as-tu fait sur cette terre pour mériter une telle punition. Tout ce que vous faites en cachette ne lui échappe pas », a souligné le président Ndayishimiye, ce samedi 3 décembre, à Kayanza, lors de l’ouverture du nouveau bureau provincial.

Il a rappelé que Dieu est omniprésent et a donné de l’intelligence à l’homme pour bien l’exploiter. « Mais, elle sert à tuer, à voler, elle n’en est pas une. C’est de l’escroquerie émanant du Satan. Soyons alors intelligents pour voir. »

Vient alors le temps de dénoncer : « Moi, je suis parti à Kabarore. J’ai vu les trous où vous avez extrait des minerais. »

Le président Ndayishimiye veut alors savoir où est parti l’argent : « Ces minerais, ces trous que je vois à Kabarore, les auteurs sont ici. Vous avez vendu ces trésors, où est l’argent ? Vous avez tout apporté aux riches. Où se trouve cet argent ? »

Certains présumés auteurs sont même connus par le président de la République : « Eeeh. Mayondori est en train de fixer le sol. Mayondori où est-ce que vous avez mis cet argent ? Je vois des trous mais je ne trouve pas de l’argent. Où l’avez-vous mis ? »

Mayondori étant le surnom d’un investisseur dans le domaine minier du nom de François Uwiragiye.

Pour le président, les auteurs sont bêtes : « Être bêtes jusqu’à voler le trésor du pays pour le confier aux étrangers ? C’est honteux. Imaginez cette bêtise ? Expliquez-moi ces trous de Kabarore. Amstel, où sont partis ces minerais ? Amstel, toi aussi, tu es là, je te connais et je te vois. Dis-moi où est parti l’argent ? »

Il les a prévenus : « Un jour, je vais vous convoquer tous pour me dire où est cet argent. Parce que je ne comprends rien. Exploiter des minerais et apporter aux étrangers pour s’enrichir de plus, c’est bête. Et tu reviens te lamenter dans les bars en disant : comment allons-nous sortir de cette pauvreté alors que tu es en train de dévorer des brochettes. »

Selon le président, avec ces propos, les auteurs tentent de distraire la population pour qu’elle ne découvre pas les voleurs de leur richesse. « Désormais, on va interroger tous ceux qui détournent la richesse du pays »,

D’après lui, si on parvenait à rassembler l’argent venu des minerais de Kabarore, le Burundi ne serait pas pauvre, ne pourrait plus manquer du carburant, des médicaments, de bonnes routes. « Ce montant pourrait construire une route reliant Bujumbura à Kabarore. »

« Finie la récréation »

Au moment où dans le pays, on parle de la rareté et cherté de denrées alimentaires, le président Ndayishimiye assure que c’est une conséquence de la mauvaise gestion des récoltes. « Il y a quelques jours, vous avez écoulé toute la production de haricot et du maïs à l’étranger. Et voilà, vous êtes en train de crier que vous avez faim. Je n’ai cessé de crier qu’il faut arrêter la fraude et aujourd’hui vous êtes en train de dire que c’est cher. Alors, allez-y vous ravitailler là où vous l’avez écoulé. Vous n’avez pas voulu m’écouter. »

Pour le chef de l’Etat, cette cherté des produits alimentaires est un message divin. « C’est Dieu qui veut vous montrer votre bêtise pour que vous ne récidivez pas. C’est honteux. »

Selon le président Neva, le Burundi peut devenir riche comme les USA, et la Chine, … «  A condition qu’on change de mentalités, de pratiques. Faites le bien quand vous en êtes encore capables. »

Il a déploré que beaucoup de Burundais ont utilisé leur intelligence dans la destruction: « Ils ne l’ont jamais utilisé dans la construction du pays. Nous avons tué au lieu de sauver des vies. N’est-ce pas vrai ? Est-ce que je mens ? (…). Nous sommes très doués dans les détournements des fonds publics. Là, nous sommes excellents. Mais, quand vient le moment de construire, on est médiocre. »

Pour avancer, aucune bouche ne doit manger sans travailler : « Après avoir entendu ma vision disant que chaque bouche doit avoir à manger, certains se sont reposés soi-disant qu’ils vont manger sans travailler. Je dis non. Je refuse que des gens mangent sans travailler. Même les aveugles travaillent »

Le président Ndayishimiye dit ne pas comprendre ceux qui se battent pour les postes. Pour lui, c’est impossible de prétendre être gouverneur tout en promettant de développer la province alors que tu as été incapable de développer ta famille. « Dites-moi ce pauvre qui peut être gouverneur, ministre ? Oui ? Je ne cesserai de le dire. Et si je vous fatigue, élisez un autre qui va vous amadouer. Incompréhensible. »

Finie la récréation : « C’est le temps de manger à notre sueur. Beaucoup se disent qu’ils vont acheter des V8, construire des villas avec de l’argent détourné. Je suis en train d’imaginer une astuce pour déjouer vous, les cadres. A malin, malin et demi. »

Les cadres défaillants avertis

Remonté, il a dit ne pas comprendre comment quelqu’un peut être considéré comme cadre alors qu’il est en train de voler le pays: « Tu t’appropries de la richesse de la population et tu achètes des maisons au Canada, Nairobi, en Europe, … avec de l’argent volé aux Burundais et tu te dis que tu es un dirigeant ? Quel genre de dirigeant ? Non. Cette fois-ci, on va traquer ces genres de personnes. Pas question de jouer avec ça. Que chacun montre son bilan. »

Il a profité pour prévenir les ministres qui ne contrôlent pas leurs services provinciaux : « Si je constate qu’un ministre n’a pas encore visité ses services, il sera destitué. »

Pour ce contrôle, il compte sur la fidélité de son premier ministre : « Je suis très heureux maintenant. J’ai un 1er ministre qui comprend bien. Je vais lui demander de procéder à la vérification de tous les services non encore visités. On saura alors comment travailler avec ces ministres qui restent dans les bureaux. Ils ne le méritent pas. »

Pour le président Ndayishimiye, les cadres, les ministres doivent travailler pour le bien-être de la population. « Imaginez-vous. Si vous êtes un ministre de l’Agriculture et vous vous rendez compte que tous les Burundais sont en train de crier qu’ils n’ont pas à manger, n’est-ce pas le moment de démissionner ? C’est compréhensible. »

Source: IWACU Burundi