Les employés de l’ONT broient du noir

Bientôt six mois que les employés de l’Office National du Tourisme (ONT) n’ont plus touché leurs salaires. Ils demandent au gouvernement de régulariser leur situation.

Désabusé, impuissant, … C’est un personnel à bout de force. Dans les bureaux, sur tous les visages se lit la lassitude. Leur regard hagard dit tout: ils sont présents physiquement, mais ailleurs dans l’esprit.
Autour d’une soixantaine, certains confient que leurs bailleurs les ont déjà expulsés de leurs maisons. D’autres, n’ayant pas où aller, ont opté pour une voie peu recommandable.

« Bientôt, deux semaines que je dors dans les bureaux », confie G. R, un technicien de surface. Un privilège, ironise -t-il que n’ont pas tous ses collègues devant se démener avec leurs familles.

Suite à ces retards de paiement, certains employés qui avaient contracté des dettes dans les institutions financières craignent que ces dernières ne s’emparent de leurs biens en cas de défaut de paiement.
A l’origine de cette situation, le décret-loi datant de novembre 2020 portant réorganisation du ministère du Commerce, des Transports, de l’Industrie et du Tourisme.

Avec ce décret-loi, l’Office National du Tourisme, une société paraétatique jouissant d’une autonomie de gestion, est devenu une des directions de ce ministère.

Dans le contexte de revalorisation du tourisme comme de secteur porteur de croissance, cette décision devrait comporter de mesures d’accompagnement. Ce secteur transversal bénéficie d’une participation à plus de 80% du secteur privé.
Avec cette centralisation, un cadre de l’ONT estime que le risque de paralysie de ce secteur est grand avec une certaine léthargie administrative. Entre autres, il cite la longueur de l’étude des dossiers qui prendra du temps.

Autre bémol, selon lui : cette centralisation ne cadre plus avec les systèmes de gestion du secteur touristique ratifiés par le Burundi. « Partout en Afrique de l’est, le souci est que le secteur touristique soit un guichet unique. Ajouter le fait que le secteur touristique du Burundi ne soit pas bien réglementé, il est clair qu’il sera difficile d’évaluer les performances du secteur ».

Autre interrogation : « Va-t-on laisser tomber à l’eau les plans de développement sectoriels déjà en œuvre ? » Ce n’est pas tout comme questionnement : « Quand bien même l’ONT serait rattaché au ministère de tutelle, nulle part dans la loi est indiquée que les salaires doivent être gelés ».

Ce cadre fait savoir que jusqu’ici aucune notification officielle les suspendant de leurs fonctions ou indiquant la raison du gel de leurs salaires leur est parvenue. « Nous avons tenté de joindre le ministère des Finances en vain ».

Source: IWACU Burundi

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