Devant l’Assemblée nationale ce 28 septembre, le ministre de la Défense nationale a souligné l’interdiction de mariage entre les militaires de différentes catégories et d’un militaire avec un partenaire de nationalité étrangère ou de double nationalité. Des députés divergent sur la légalité de cette mesure.

« Il serait dangereux à l’armée qu’un officier entretienne des relations avec un militaire féminin de catégorie différente. Cette dernière va développer un comportement d’insubordination et de mépris envers ses supérieurs de grade inférieur de celui de son mari », a expliqué Alain Tribert Mutabazi, ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants, lors de la présentation du projet de loi portant modification du statut des officiers de la force de défense nationale burundaise (FDNB).

Selon lui, certains officiers pourraient user de leur responsabilité et développer des comportements d’abus et d’exploitation sexuels : « Cela pourrait développer une indiscipline notoire et un problème grave au niveau des principes militaires et au niveau du commandement ».

Il rappelle que le mariage inter-catégorie enfreint aux normes de l’armée et à la discipline militaire. Pour lui, la relation à l’armée est d’ordre professionnel et est caractérisée par le respect strict de la hiérarchie.

Le ministre de la Défense nationale indique que les mariages non inter-catégories dont des mariages entre officiers, entre sous-officiers et entre militaires de rang sont plutôt encouragés.

Selon Alain Tribert Mutabazi, les mariages binationaux sont aussi interdits dans l’armée burundaise : « Pour le principe sacré de garder le secret militaire et la confidentialité, un officier ne peut pas se marier avec un Burundais ayant une double nationalité, de peur que ce dernier puisse être tenté de divulguer les secrets militaires ou être utilisé par l’autre nation ». Pour lui, cela engage la protection de la nation et de sa souveraineté.

Pour que les forces de défense nationale aient des officiers patriotes, ajoute-t-il, tout officier qui prendra une autre nationalité sera renvoyé de l’armée nationale immédiatement.

« L’interdiction de ces mariages viole la constitution »

Pour le député Agathon Rwasa, l’interdiction des mariages inter-catégories et binationaux viole la constitution : « La Constitution autorise toute personne à se marier. En matière d’amour, chacun se marie avec une personne qu’il veut sans tenir compte des autres considérations. Cela engage le respect des droits de l’Homme ».

Il rappelle l’article 19 de la Constitution stipule que les droits et devoirs proclamés et garanties par les textes internationaux relatifs aux droits de l’Homme régulièrement ratifiés font partie intégrante de la Loi fondamentale. Pour lui, nulle part n’est mentionné qu’il est interdit de se marier avec une personne d’une nationalité étrangère ou de double nationalité.

Et de signaler que la Constitution interdit seulement le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et celui du Sénat d’avoir la double nationalité.

Le président de l’Assemblée nationale, Daniel Gélase Ndabirabe, nuance : « Les mariages inter-catégories peuvent causer l’insécurité pour le pays. Ce n’est pas une question de droits de l’Homme, mais d’incompatibilité ». Pour lui, interdire les mariages des officiers avec les étrangers est une façon de protéger le pays.

Le député Rédempteur Gahitira salue l’interdiction des mariages inter-catégories dans l’armée. Il suggère que des mariages entre les militaires de la même catégorie soient aussi interdites « pour l’intérêt et l’encadrement de la famille ».


Source: IWACU Burundi

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