Classement mondial de la liberté de la presse 2022 : Le Burundi gagne 40 places, mais…

Classé 147ème en 2021, le Burundi occupe désormais la 107ème place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières (RSF) de 2022. Des défis restent encore à relever malgré cette avancée.

« Malgré les quelques signaux favorables envoyés par le nouveau président Evariste Ndayishimiye, l’environnement reste encore très hostile pour l’exercice du journalisme au Burundi », lit-on dans le rapport de RSF sorti ce 03 mai alors que le monde célèbre la Journée mondiale de la Liberté de la Presse.

Cette organisation militant pour la liberté de la presse fustige que la promesse du président Evariste Ndayishimiye de normaliser les relations avec les médias du Burundi tarde à se concrétiser : « La presse est surveillée de près, au point que dans certaines provinces, les journalistes doivent disposer d’une autorisation ou être accompagnés d’un membre d’un média d’Etat pour pouvoir traiter certains sujets ».

Et d’accuser le Conseil national de la communication (CNC) d’être complètement inféodé au régime. Tous ses membres sont nommés par le chef de l’Etat.
RSF dénonce le fait que le régime burundais considère les journalistes comme des patriotes à former alors que certains sont associés à des ennemis de la nation.

Et de souligner que le régime a instauré une véritable culture de la peur tant dans les rédactions, largement gagnées par l’autocensure, que dans le reste de la société.
Cette organisation de défense et de la promotion de la liberté d’expression regrette que les médias burundais ne soient pas indépendants financièrement : « Il est très difficile pour un média de survivre sans le soutien du régime, d’institutions ou d’ONG étrangères ».

« Les journalistes travaillent dans un environnement favorable »

La présidente du Conseil national de la communication (CNC), Vestine Nahimana apprécie la reconnaissance par la Communauté internationale des avancées du Burundi dans la liberté de la presse : « Nous nous réjouissons de l’étape franchie dans le métier de journalisme au Burundi. Même au niveau international, le Burundi a obtenu une bonne note dans le classement mondial de la liberté de la presse ».

Elle estime, néanmoins, que certains propos de RSF soient infondés : « Nous sommes dans la liberté de la presse. C’est leur droit de dire ce qu’ils ont vu. Ils se seraient trompés. Les journalistes burundais peuvent témoigner que l’environnement est bon pour leur travail ».

En ce qui est du droit à l’information, elle reconnaît que les autorités retiennent quelquefois l’information. Et de promettre de travailler pour améliorer les relations entre les journalistes et les institutions.
« RSF a toujours montré que rien ne va au Burundi. Dans le rapport de cette année, même s’il a noté que le Burundi a connu des avancées, il y a des choses positives non citées », évoque Thierry Kitamoya, ancien journaliste de la RTNB (Radiotélévision nationale du Burundi) et assistant de la ministre chargée de la Communication et des Médias.
Il soutient que les journalistes ont suffisamment accès à l’information : « Cela peut arriver qu’une autorité ne donne pas de l’information, mais nous continuons à sensibiliser pour que les autorités comprennent que l’information est un bien public ».

Des menaces pèsent encore sur les journalistes

« Il y a des gens qui n’ont pas encore compris le rôle des médias. Au niveau des institutions étatiques, on considère certains journalistes comme des ennemis du pays, des gens mal intentionnés alors qu’il y a d’autres qui sont vus comme des patriotes », déplore un responsable d’un média opérant au Burundi.

Selon lui, il y a une certaine évolution dans la presse burundaise, mais cela ne peut pas garantir que la liberté de la presse est totale au Burundi. « Il y a encore des défis à relever ».

Et de s’indigner contre certaines autorités qui refusent de parler aux journalistes des médias privés. D’après lui, certains policiers et administratifs vont jusqu’à confisquer le matériel des journalistes, à les intimider ou à les brutaliser : « La sécurité des journalistes n’est pas encore garantie au Burundi ».

Pour le syndicat des journalistes, Burundian Journalists’ Alliance (BJA), des cas de maltraitance des journalistes existent encore au Burundi. « D’août 2021 à avril 2022, le syndicat a enregistré 6 cas de journalistes burundais malmenés. Ces maltraitances à l’endroit des journalistes sont faites par certains policiers ou administratifs qui abusent de leur autorité ».

Et d’appeler le gouvernement du Burundi à respecter les textes des lois en vigueur et instruire les policiers et administratifs à tous les échelons à respecter les droits des journalistes.

Source: IWACU Burundi

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