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Le Conseil de sécurité soutient la poursuite des efforts de démocratisation en Afrique centrale dans un contexte de persistance de foyers de violence

Le Conseil a examiné ce matin le rapport semestriel du Secrétaire général sur la situation en Afrique centrale et les activités du Bureau régional des Nations Unies pour cette région, le BRENUAC, document sur lequel la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique s’est largement appuyée pour évoquer les aspects politiques et sécuritaires les plus marquants des derniers mois. Son exposé a été complété de ceux du Président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et d’une représentante de la société civile, par lesquels ont été abordés la démocratisation de la région et le rôle des femmes. Le lien entre instabilité et changements climatiques et la présence croissante du « groupe Wagner » dans la région ont également été évoqués, ainsi que les répercussions du conflit en Ukraine sur la sécurité alimentaire dans la région.

Mme Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, qui a rendu hommage à M. François Lounceny Fall, lequel vient d’achever son mandat de Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du BRENUAC, a souligné que dans les prochains mois se tiendraient des processus électoraux « cruciaux » en République démocratique du Congo, en Angola, à Sao-Tomé-et-Principe, en Guinée équatoriale ainsi qu’au Tchad. À cet égard, elle a réitéré l’appel du Secrétaire général aux parties prenantes d’œuvrer à la création de conditions propices à la tenue de ces élections « selon les principes démocratiques fondamentaux ».

La transition au Tchad a été largement évoquée. Le représentant du Gabon, qui s’exprimait au nom des trois États africains membres du Conseil, s’est félicité de l’organisation du pré-dialogue de Doha « en vue de parvenir à un accord de paix inclusif, y compris un programme de désarmement, démobilisation et réintégration pour les groupes armés présents dans le pays, en particulier ceux originaires de la Libye ». Dans son intervention, Mme Pobee a indiqué que l’ONU était prête à soutenir la tenue d’une conférence des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de la feuille de route adoptée à Doha « quand le dialogue politique sera véritablement de mise ». S’agissant de la gouvernance politique, le Président de la CEEAC, M. Gilberto Da Piedade Verissimo, a indiqué que tous les États de la région, « à une seule exception », avaient signé le Protocole du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Il s’est aussi félicité du fait que tous les États avaient respecté le calendrier de leurs élections en 2021, y voyant le « signe évident d’une appropriation collective de nos valeurs partagées et de l’enracinement de la démocratie dans la région ».

Mme Jeanne-Danielle Nicole Nlate, Vice-Présidente de la Coalition des organisations de la société civile d’Afrique centrale pour la préservation de la paix, la prévention des conflits, la résolution et la transformation des crises, a assuré qu’avec « une forte collaboration avec les gouvernements et l’appui des institutions régionales et internationales, la société civile saura relever les défis de l’apaisement », grâce en particulier aux femmes et aux jeunes engagés dans les processus électoraux et les actions de médiation. Sur ce même thème, Mme Pobee a fait savoir que la collaboration entre le Bureau, ONU-Femmes et le Fonds pour la consolidation de la paix avait donné lieu à un échange sur les possibilités de financer un programme régional pluriannuel qui aiderait à opérationnaliser et à renforcer la mise en œuvre des mesures onusiennes encourageant la participation des groupes de femmes dans les processus en cours de médiation et de consolidation de la paix, ainsi que dans les processus électoraux.

La Sous-Secrétaire générale a également évoqué les conséquences pour la sécurité des changements climatiques, qui « aggravent les défis à la paix et à la sécurité », soulignant notamment l’intensification des heurts entre communautés agricoles au Tchad ou de pêcheurs au Cameroun. « Le Bureau, le Mécanisme de sécurité climatique et la CEEAC appellent les acteurs régionaux à mieux prévenir, atténuer et gérer les risques de sécurité liés aux changements climatiques », a tenu à indiquer Mme Pobee.

De leur côté, le Royaume-Uni, l’Albanie et les États-Unis se sont inquiétés des activités « déstabilisantes du groupe Wagner soutenu par le Kremlin » en République centrafricaine, dont les forces auraient commis, selon le représentant américain, « des atteintes atroces aux droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire ». Pour lui, ce groupe est une menace à la paix et à la sécurité et les soldats de la paix des Nations Unies en République centrafricaine et au Mali et « empêche les missions de l’ONU dans ces pays de protéger les civils ».

La Fédération de Russie a vivement contesté ces accusations, affirmant qu’au contraire, elle aide les pays africains, notamment la République centrafricaine, à renforcer leur potentiel militaire et ce, dans le strict respect des résolutions du Conseil concernant les livraisons d’armes à la RCA. S’agissant des activités d’entreprises militaires privées dans ce pays, le choix des partenaires dans ce domaine, tout comme d’autres, relève de la prérogative des autorités nationales, a ajouté la représentante de la Fédération de Russie.

La Fédération de Russie a également « catégoriquement rejeté » les analyses « politisées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l’influence de la situation en Ukraine concernant la sécurité alimentaire mondiale. Ledit rapport indique notamment que « la guerre en Ukraine a nui au pouvoir d’achat des populations, provoquant par exemple une hausse du prix du pain dans certains pays, en particulier au Congo, en République populaire démocratique du Congo et au Rwanda, pays qui importaient plus de 60% de leur blé de la Fédération de Russie ou d’Ukraine ». Pour la Russie, il existe une dégradation de la sécurité alimentaire dans le monde bien antérieure au conflit armé en Ukraine, qui tient à la fois au mode de développement socioéconomique mondial et à des défis mondiaux telle la pandémie de COVID-19. Pour la Russie, les difficultés actuelles de l’acheminement de l’approvisionnement s’expliquent avant tout par l’instauration de sanctions illégales qui lui sont imposées.

Source: UN Security Council