Les troubles du stress post-traumatique sont accompagnés de manifestations physiques liées à l’émotion extrême ressentie. Ils altèrent de façon significative la vie personnelle, sociale et professionnelle. Selon Alexis Hatungimana, psychologue-clinicien, la communauté peut jouer un rôle important dans la prévention de ce trauma.
33,4% des enquêtés ont connu des évènements de traumatisme liés aux crises qu’a traversées le Burundi et 72,6% des enquêtés ont connu des évènements traumatisants au cours de leur vie. Cela est tiré des résultats de l’étude de base du programme ni Abacu, qui a été fait par Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) en 2019 et sous financement de la coopération Suisse.
Le psychologue-clinicien, Alexis Hatungimana explique : « L’état du stress post-traumatique, c’est un état de mal-être psychologique, mental, physique, émotionnel et comportemental. Tout ce qui fait que l’individu se sent mal à l’aise. Donc lorsque le bien-être est disloqué et lorsque l’individu ne parvient plus à s’adapter à un événement qui l’a traumatisé », a-t-il défini.
Pour lui, les causes du stress post-traumatique sont multiples : « Les événements quotidiens, les difficultés quotidiennes, souvent, nous perturbent d’une manière ou d’une autre. Et si on ne trouve pas de l’aide à temps, on tombe directement dans cet état de stress post-traumatique. L’exposition à des scènes violentes, les maltraitances des enfants, les violences basées sur le genre », a-t-il énuméré.
Il ajoute aussi, les individus souffrant de trouble du stress post-traumatique peuvent être tout autant des personnes qui ont participé à des combats militaires, été victimes d’une agression physique ou sexuelle, d’une catastrophe naturelle, ou d’une prise d’otage, des professionnels qui sont intervenus sur des terrains de catastrophes, des parents qui ont perdu un enfant ou encore des témoins d’un accident.
Des flash-back qui perturbent
Les personnes souffrant du stress post-traumatique présentent trois catégories de symptômes, notamment la reviviscence, l’évitement et l’hyper vigilance : « L’individu revit encore une fois la scène de l’événement traumatisant, donc des flash-back qui surviennent spontanément, suite à un stimulus soit le son, le lieu, ou l’odeur. De la peur des idées intrusives qui guident cet évitement, vont découler des tentatives pour les supprimer de la mémoire. Ces tentatives, généralement inefficaces, vont renforcer la peur initiale », a-t-il précisé.
Sur l’évitement, M. Hatungimana, indique que la personne atteinte par le stress post-traumatique nie catégoriquement ce qui lui est arrivé, et qu’elle ne souhaite même pas en parler. Il ajoute aussi que la personne qui a subi ce syndrome post-traumatique est toujours vigilante.
« Ce trauma peut être soigné sans recourir aux médicaments »
La prise en charge passe essentiellement par la psychothérapie, soit individuelle soit de groupe ou communautaire puisque ces événements traumatisants se trouvent dans la communauté d’où la psychothérapie est requise.
90 % des spécialistes en santé mentale convergent que ce trauma peut être soigné sans recourir aux médicaments et rapidement. Mais il tient à mentionner que la personne traumatisée ne doit pas passer plusieurs jours sans être assistée : « Si l’individu passe beaucoup de temps sans aide, il tombe dans la maladie mentale. Dans ce cas, il aura besoin d’une chimiothérapie », a-t-il fait savoir.
Vous verrez par exemple des personnes qui se font soigner au Centre Neuropsychiatrique de Kamenge et après quelque temps, ils s’y retournent, cela veut dire qu’ils n’ont pas eu de soutien suffisant de la communauté ou des agents de santé communautaire, car ils sont retournés dans le milieu traumatogène où ils ont puisé tous les maux qui les ont rendu malades.
Son diagnostic est posé chez une personne qui a affronté un événement traumatique lorsqu’elle présente plusieurs manifestations responsables d’une souffrance et d’une altération du fonctionnement social et de la qualité de vie de façon significative.
Il faut aussi noter que, s’ils apparaissent généralement immédiatement, au bout de quelques jours, les troubles du stress post-traumatique s’installent parfois plus progressivement, se constituant tardivement, après plusieurs semaines, mois ou années.
Source: IWACU Burundi