L’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) déplore l’augmentation des recettes globales de plus de 40 % dans le projet de budget général de l’Etat exercice 2022-2023. Il recommande la diminution des taxes sur les produits de première nécessité.
« L’augmentation des recettes globales de 40,4 % dans le projet de budget général de l’Etat, soit plus de 631, 6 milliards BIF, par rapport aux recettes du budget de l’Etat 2021-2022, va peser lourd sur les contribuables burundais surtout les simples citoyens qui souffrent déjà de l’extrême pauvreté », a indiqué Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, dans une conférence de presse animée ce 14 juin.
Et de noter que les dépenses sur biens et services et autres transferts courants sont passés de 977,7 milliards BIF dans l’exercice 2021-2022 à plus de 1 131,9 milliards BIF dans le budget général 2022-2023.
Selon lui, les taxes sur le sucre, le carburant, la bière et les limonades dont les produits Brarudi, les télécommunications et autres vont beaucoup augmenter : « Cela va occasionner une augmentation des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité ».
Pour Gabriel Rufyiri, la hausse des produits fiscaux de plus de 481,1 milliards BIF provoquera une inflation généralisée et la cherté de la vie. A titre d’exemple, poursuit-il, l’impôt sur les biens et services augmentera de 319, 9 milliards BIF, la taxe de consommation sur la bière, limonades et eau minérale croîtra de 53,3 milliards BIF et celle de consommation sur les carburants passera de 90 milliards BIF à 125 milliards.
Il fustige le gouvernement qui cherche toujours à vivre au-dessus de ses propres moyens financiers : « Le financement net extérieur est de 2,6 milliards BIF alors que l’endettement cumulé au 30 juin 2021 envers la BRB est de plus de 3 689,5 milliards BIF ».
Des lacunes sur certaines rubriques budgétaires
Selon l’Olucome, la rubrique des recettes provenant des minerais n’a pas obtenu un montant supplémentaire par rapport au montant de 3,5 milliards BIF lui alloué dans l’exercice budgétaire 2021-2022. L’observatoire regrette que les droits de sortie sur les minerais aient augmenté de 402,6 dollars seulement par rapport à l’année budgétaire précédente.
« Le gouvernement avait annoncé qu’il y a un nouveau contrat d’exploitation minière. Ainsi, les Burundais espéraient que l’exploitation des minerais va soulager l’économie du pays », souligne Gabriel Rufyiri. Pour lui, les minerais devraient constituer une source importante de recettes pour l’année budgétaire 2022-2023.
Sur la rubrique « récupération des fonds détournés et malversations », le président de l’Olucome s’étonne que seuls 3 milliards BIF sur plus de 400 milliards BIF des montants détournés sont alloués à la prochaine année budgétaire. « En Belgique, le président de la République avait informé la diaspora burundaise que 4 milliards BIF sont déjà récupérés et que cette somme sera incluse dans le budget général. Cependant, on a mis dans le budget 3 milliards », signale-t-il. Et de s’interroger : « Où est passé le milliard de BIF ? »
Concernant les fonds attribués à la rubrique budgétaire Amisom et Minusca, Gabriel Rufyiri explique que le montant de 3 milliards est minime : « D’après les informations à la disposition de l’Olucome et ses analyses mathématiques, il fallait que ce montant soit majorée à au moins 40 milliards BIF pour alléger le fardeau aux pauvres burundais ».
« Il faut mettre en place une taxe sur la fortune »
Gabriel Rufyiri recommande aux parlementaires d’instituer une taxe sur la fortune : « Que chaque burundais ayant plus d’une maison sans crédit paie la taxe sur la fortune. Il y en a ceux qui ont quatre ou cinq maisons. Ce sont eux qui devraient payer plus de taxes ».
Pour lui, il faut diminuer les taxes sur le sucre, le carburant, les lubrifiants et sur les télécommunications. Il suggère la réduction des fonds destinés à la rubrique budgétaire « impôts et taxes exonérés » pour ne pas donner une marge de manœuvre aux présumés corrompus.
Le président de l’Olucome propose aussi la mise en place d’une chambre qui jugera les comptes publics, un secrétariat exécutif indépendant et compétent de la cellule nationale des renseignements financiers et un registre national des sociétés privées bénéficiaires des marchés publics.
En outre, il demande aux parlementaires d’exiger le gouvernement à leur présenter les lois de règlement budgétaire et comptes-rendus budgétaire des années 2016,2017,2018, 2019 et 2020.
L’Olucome remercie le gouvernement d’avoir augmenté les fonds alloués aux stocks stratégiques de 71 milliards BIF au ministère en charge de l’agriculture et élevage : « L’observatoire pense que le stock stratégique des fertilisants agricoles y est inclus dans le but d’augmenter la production agricole au Burundi ». Et de se réjouir d’un montant de 7,8 milliards BIF prévu pour le stock stratégique carburant.
Gabriel Rufyiri suggère, néanmoins, la mise en place d’un stock stratégique carburant d’au moins 6 mois et celui des fertilisants d’au moins 2 ans.
Le projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat, exercice 2022-2023 a été adopté lors du Conseil des ministres du 1er juin 2022. Les recettes globales vont passer de 1 562,06 milliards de BIF dans l’exercice de 2021-2022 à 2193,6 milliards BIF pour l’année budgétaire 2022-2023.
Source: IWACU Burundi