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Une banque, un homme, et un colis de deux millions de dollars

L’histoire d’un homme arrêté à Jomo Kenyatta International Airport avec un paquet de plus de 2 millions de dollars en liquide a suscité plusieurs interrogations même si par après la Banque de Crédit de Bujumbura a annoncé qu’elle était propriétaire du colis. Iwacu a essayé d’en savoir plus. Des questions restent posées.

L’homme serait un certain Paul Kemboi, selon le journal kenyan The East African. En provenance de Bujumbura, il est arrêté au Kenya, à l’aéroport international Jomo Kenyatta. Il est en possession d’une somme de plus de deux millions de dollars.

La réglementation des changes du Burundi de septembre 2019 dans son article 10 stipule que tout voyageur sortant ou entrant doit signaler à la douane s’il a sur lui un montant de plus de dix mille dollars américains ou l’équivalent. Cette règle est d’ailleurs appliquée dans plusieurs pays : il y a des montants qui doivent être déclarés aux autorités douanières.
Selon un communiqué de presse de Kenya Revenue autority, le passager a déclaré à son arrivée que cette somme « provenait de la Banque de crédit de Bujumbura et était destinée à la société Brinks Global services du Kenya.

A sa sortie de l’aéroport international Jomo Kenyatta, le transporteur du paquet à 2 millions de dollars a présenté des documents différents des premiers. Les seconds indiquaient que cette somme partait au Royaume-Uni vers une autre société selon toujours le communiqué signé Lilian Nyawanda, commissaire de Kenya Revenue autority.

Il est alors arrêté, suspecté d’appartenir à un réseau de blanchiment d’argent. La nouvelle commence à faire son apparition dans la presse kenyane dans la journée du 17 février.

Dans l’après-midi de la journée du 17 février, la banque de crédit de Bujumbura (BCB) sort un communiqué dans lequel, elle reconnaît que le « colis saisi appartient à la banque ».

« Il s’agit d’une activité bancaire de routine, l’exportation des billets en devises en vue d’alimenter les comptes chez les correspondants pour pouvoir effectuer les différents ordres de paiement des importateurs et divers clients», peut-on lire dans le communiqué de la BCB. Une source à la BCB nous parle d’une autre identité de la personne, elle se nommerait Andrew Kipkemboi.

Le 21 février, la Cour suprême du Kenya va décider de garder l’argent saisi pour une durée de 90 jours suite à une demande de l’Assets Recovery Agency, pour la suite des investigations.

Pour rappel, en 2019, le Kenya a été placé sur la liste des pays où se font de blanchiments d’argent. Le rapport du Bureau des affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi du Département d’État des États-Unis citait des contrôles insuffisants sur la circulation de l’argent et l’absence des lois contre le financement du terrorisme au Kenya.


Après les sorties médiatiques des deux parties, l’affaire va susciter moult réactions sur les réseaux sociaux et dans l’opinion burundaise.

« Des fois, on se rend à la BCB pour retirer de l’argent de nos comptes en dollars, on nous dit qu’il n’y en a pas ou on nous donne la moitié de la somme demandée Ce n’est pas compréhensible qu’on exporte les devises vers l’extérieur alors qu’ils en manquent pour nous les clients locaux… » s’indigne R.N., un client de la BCB.

Un ancien employé de la BCB, sous anonymat, confie que durant les vingt ans qu’il a passés au service de cette banque, il n’a jamais vu une exportation de liquidité en devise vers l’extérieur du pays.

« Je n’ai jamais vu une exportation de l’argent en devise vers l’extérieur du pays. On importait plutôt de nos correspondants pour alimenter nos réserves ici. On suivait une procédure claire, on suivait l’argent qui était transporté par des agences de transports d’argent dès leur départ jusqu’à l’aéroport à Bujumbura. On suivait le mouvement jusqu’à ce qu’on aille le réceptionner avec des agents de sécurité et des fourgons blindés», dit-il.

Un employé de la BCB, toujours sous anonymat, lui déclare pourtant que cette exportation des devises vers l’étranger se fait de plus en plus couramment. « On ignore vraiment comment se fait cette procédure, ni dans quelles modalités nos supérieurs passent pour transférer cet argent, tout est flou, mais cette exportation n’est pas la première. »

Source: IWACU Burundi